Sur la route de Neuhausen, je me suis ensuite arrêté à Schaffhouse, qui m’était encore inconnue. Elle aussi fit l’objet de nombreuses autochromes d’Auguste Léon, notamment depuis le Munot, cette étrange forteresse médiévale qui surplombe la ville et qui offre un magnifique point de vue sur ses toitures et ses vignes… Avec cette lumière d’arrière automne, le charme n’en était que plus évident!
Quel fracas! Quelle beauté! Quelle force!
En septembre 1911, Auguste Léon photographiait les chutes du Rhin à l’aide d’autochromes pour le compte des Archives de la Planète. Un siècle plus tard, j’ai fait à mon tour le pèlerinage à Neuhausen la semaine dernière, sur les traces de l’opérateur d’Albert Kahn. Comble du hasard, j’ai retrouvé hier à Paris des vues stéréos de Suisse, dont une magnifique image des… chutes du Rhin. Joli, non?
Musée Albert Kahn | Jour N°8
Dans une nouvelle vie, je serai balayeur de feuilles dans les jardins du Musée Albert Kahn. Dès la mi-octobre, je prendrai mon râteau et ma corbeille à roulettes, et je ramasserai les feuilles mortes. Du matin au soir, je débarrasserai les allées de leurs clandestines passagères. Patiemment, pelle après pelle, comme dans la chanson. Sans doute, je sifflerai un air connu, je lèverai ma casquette pour saluer les visiteurs et, le lendemain, je recommencerai, car un coup de vent nocturne aura fait tomber les candidates au dernier envol. Et, à la mi-novembre, je rangerai pour l’hiver mon râteau et ma corbeille à roulettes. Peut-être alors, je commencerai à tailler les fruitiers…
Musée Albert Kahn | Jour N°7
Parfois, il faut retourner aux choses les plus basiques. Cet après-midi, sur la route de la pause café (ici, on boit du café filtre, pas du nespresso), je tombe sur La Géographie humaine, le grand œuvre de Jean Brunhes publié en 1910. Je prends la troisième édition, celle de 1925, j’ouvre au hasard le troisième tome et je tombe sur une image… de Grandvillard ou plutôt Grandvillars (sic), «un de ces gros villages massés de la Gruyère qui ont tout à fait grand air et paraissent de vraies petites villes». Rigolo, non?
Musée Albert Kahn | Jour N°5
Après avoir visionné des centaines de clichés de la collection privée de Jean Brunhes, je tombe sur cette image: en négatif et à l’envers dans sa version numérisée, elle montre… Gruyères devant les dents de Broc, du Bourgo et du Chamois. Bien que pas mal choucrouté, le cliché prouve que Jean Brunhes est venu en Gruyère (ce qu’on imaginait d’ailleurs depuis longtemps). Dommage que j’étais tout seul dans la salle des plaques, je n’ai pu partager ma trouvaille avec personne…
Musée Albert Kahn | Jour N°4
Le monde est parfois petit. Après avoir retrouvé hier des traces de Georges Python, voici que je tombe aujourd’hui sur une lettre de Jean Brunhes – à la tête des Archives de la Planète après avoir été professeur de géographie à l’Uni de Fribourg – qui parle de «dentelles de la Gruyère», pour lesquelles il a déboursé la somme de 21 francs (une fortune pour l’époque)…
Musée Albert Kahn | Jour N°3
En juillet 1912, les opérateurs des Archives de la Planète quittent les Grisons pour Zermatt. En chemin, l’un d’eux mange avec un certain Mr Python. Connaissant les liens avec Fribourg, il se pourrait bien qu’il s’agisse de Georges Python, chef de l’Instruction publique, dont on connaît aujourd’hui la célèbre place. Le monde est si petit…
Musée Albert Kahn | jour N°2
Depuis hier, je prends peu à peu mes repères dans la fameuse salle des plaques du MAK. Ici, les chercheurs travaillent sur la base FAKIR, qui n’est pas un ascète soufi prompt à faire le zouave sur une planche à clous, mais le doux acronyme donné au Fonds Albert-Kahn Informatisé pour la Recherche, soit la base de données où sont centralisées toutes les informations sur les collections du musée. Lundi, Flore m’a initié au pilotage ultraprécis de la bête… à l’aide de trois écrans, auquel j’ai ajouté mon MAC avec ma récolte de données. Du coup, j’ai identifié précisément une centaine d’autochromes de Bâle, Berne, Lausanne, Genève, Zurich ou Schaffhouse, pris en 1911…
Musée Albert Kahn | jour N°1
Etrange sensation, ce matin, lorsque je m’apprêtais à prendre un petit café au bar-tabac tenu par les Chinois, à l’angle de la rue du Port. Je sortais du métro avec cette méchante envie d’un expresso brûlant, lorsque je me rendis compte que, à sa place, je trouvais une pelleteuse affairée à démolir les bâtiments. «Rénovation Albert-Kahn… 2014-2017» Finalement, la nouvelle n’est pas si mauvaise! Les travaux ont enfin débuté. En 2017 (enfin, on l’espère), les Archives de la Planète auront leur nouvel écrin, que la maquette des architectes japonais nous prédit magnifique.
J’entre dans les jardins. Les 1500 autochromes suisses m’attendent dans la salle des plaques…
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